ARTOIS  AVESNOIS  HAINAUT  FLANDRE  PICARDIE  WALLONIE

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 L'histoire 
Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un cours ex cathedra. Je présente ici une histoire sommaire qui vous permettra de comprendre la Wallonie. L'histoire est présentée sous un point de vue très différent des cours d'histoire que les jeunes wallons reçoivent. Cette histoire officielle passe sous silence les périodes où nos principautés sont indépendantes, ainsi que les raisons de la séparation entre la France et la Wallonie. Elle parle de l'âge d'or de Brugge sans parler de la grande époque de l'art mosan. 

Le peuplement primitif de la Wallonie est identique à celui des régions avoisinantes. Il est composé de tribus pratiquant le mégalithisme remplacées progressivement par des peuplades celtes. Nos régions ont ainsi été peuplées de tribus gauloises belges tout comme le nord de la France, la Flandre, la Rhénanie et le sud des Pays-Bas. 

Les tribus celtes de la Seine au Rhin
 

Conquises par César, les tribus belges vont être romanisées et c'est déjà à ce moment que se dessine la frontière linguistique. Le Nord est sablonneux et marécageux, les romains s'y installent peu. La France et la Wallonie sont plus fertiles et attirent de nombreux colons qui vont y fonder des villas, bâtir des routes. La romanisation sera beaucoup plus profonde en Wallonie et en France qu'en Flandre. C'est de cette époque que datent Tournai ( Tournacum ), Namur ( Namurcum ) ou Arlon ( Orolaunum ). 

Les migrations germaniques vont agir sur nos contrées comme un révélateur sur une plaque argentique. Les germains ( en particulier les Francs ) impriment leur culture là où les Romains ne l'ont pas fait, ou de manière moins nette : la Flandre et les Pays-Bas deviennent germaniques. La France et la Wallonie resteront romanes. Les partisans de la Belgique unitaire minimisent l'importance de la frontière linguistique. Pourtant, on voit qu'elle est ancienne et sépare le monde latin du monde germanique. 

Les royaumes francs s'installent et le destin de la Wallonie se confond toujours avec celui de la France. Cela dure jusqu'au traité de Verdun qui attribue les régions wallonnes à Lothaire en même temps que la future Lorraine, la Flandre et la Rhénanie. Cet état "tampon" réunissant des latins et des germains sera appellé Lotharingie. 

Plus tard, la Lotharingie sera démembrée et la Wallonie ( au sein du duché de Lorraine ) sera partie intégrante du Royaume Franc Oriental puis du Saint-Empire Romain Germanique. Toutefois, la Wallonie reste romane C'est de cette époque que date la séparation du wallon d'avec les autres dialectes de langue d'oïl.

 

Le rattachement au royaume franc oriental
 
© Christos Nüssli 2002, www.euratlas.com 

Au sein du Saint-Empire, les Wallons jouissent d'une très large autonomie. Les comtés de Hainaut et de Namur, le duché de Luxembourg et la principauté de Liège sont des états quasi indépendants. C'est à cette époque que se développe un art " rhéno-mosan " unifiant les provinces wallonnes et les régions rhénanes. Il s'agit pour nos régions d'un âge d'or au cours duquel l'architecture et l'orfèvrerie sont à leur apogée.



Les principautés des Pays-Bas
 

Au XVe siècle, les Bourguignons héritent de plusieurs domaines féodaux dans la région et achètent les autres. Les Pays-Bas ( dont la Belgique et l'Artois font partie ) se forment à cette époque. Seule la principauté de Liège, dirigée par un Prince-Evêque, reste indépendante. Le jeu des héritages se poursuit et la Wallonie passe, en même temps que la Flandre, aux Espagnols puis aux Autrichiens par la maison de Habsbourg. Entre-temps, les Hollandais ( protestants ) se révolte contre l'Espagne ( catholique ) et créent leur propre état avec les provinces avoisinantes dont la Frise, la Zélande etc. C'est à cette époque que le commerce continental cède le pas au commerce maritime. La Flandre et Bruges connaissnt leur âge d'or tandis la Wallonie et Liège rentrent dans le rang. 

Vient alors la révolution française. A l'image de la France, Liège se soulève contre son Prince-Evêque et décide de rejoindre la République. Les autres comtés et duchés sont annexés par la même occasion. Le sort de la région est incertain jusqu'en 1814. Napoléon perd à Waterloo, en Wallonie ! Et la Wallonie se voit englobée dans un royaume des Pays-Bas étendu. Ce royaume est fait de bric et de broc. Les clivages sont nombreux : protstants/catholiques, Wallons/germains... Cela ne dure pas. En 1830, la Belgique se révolte et, grâce au soutient français, gagne son indépendance. 

La situation en 1800 : la Wallonie est française
 
© Christos Nüssli 2002, www.euratlas.com 

La jeune Belgique se cherche un roi et choisit le Duc de Nemours : deuxième fils de Louis-Philippe. L'Angleterre refuse et impose un cousin de la reine d'Angleterre : Léopold de Saxe Cobourg Gotha. Consolation : il épousera une fille de Louis-Philippe qu'il fera maintes fois cocue. 

La Belgique des débuts est dirigée par la bourgeoisie francophone, qu'elle soit wallonne, bruxelloise ou flamande. Le français devient donc la seule langue offcicielle. L'usage du néerlandais et du flamand est interdit comme tout ce qui peut rappeler les Pays-Bas. Les Flamands sont relégués au second plan ce qui, en réaction, donnera naissance au mouvement nationaliste. A cette époque, la Wallonie profite pleinement de ses ressources naturelles ( eau, charbon,...) et devient la locomotive économique du jeune état. Mais l'application du suffrage universel et une démographie galopante vont renverser les données et les Flamands vont progressivement prendre le contrôle de l'état. En 1912, Jules Destrée, figure marquante du mouvement wallon, écrit au roi Albert Ier une lettre ouverte restée célèbre. Cette lettre commence comme suit : 







"Sire (...) Vous régnez sur deux peuples. Il y a en Belgique, des Wallons et des Flamands; il n'y a pas de Belges."

 



Les deux guerres mondiales sont l'occasion de fractures terribles. Lors de la première, les soldats flamands sont commandés par des officiers francophones qui ne parlent par leur langue. Ils en nourriront un ressentiment énorme.



Lors de la seconde, la résistance est bien plus active en Wallonie qu'en Flandre. L'image du Wallon résistant et du Flamand collabo est bien sur exagérée, mais les tendances générales sont réelles. Hitler donne même à la Flandre son propre parlement. Léopold III, qui a refusé de suivre le gouvernement en exil, demande à Hitler de libérer les prisonniers de guerre. Ce dernier accepte de libérer les Flamands car "ils se sont montrés sympathiques et nous ont témoigné de la confiance". Un épisode moins glorieux est celui de la Légion Wallonie. Cette brigade a été crée par le fasciste Degrelle et a combattu avec les nazis sur le front de l'est. 

A la libération, la rupture est là. Léopold est en Autriche, la gauche wallonne exige son abdication. Un référendum est organisé "Voulez-vous le retour du roi Léopold III ?". La réponse est oui à 57,68%. Mais la Wallonie a voté contre à 58%, les Flamands pour à 72%. Le roi revient, les émeutes éclatent en Wallonie et la gendarmerie tire sur la foule. Il y aura trois morts à Grâce-Berleur, près de Liège. Devant les revendications de plus en plus républicaines des wallons, Léopold III abdique en faveur de son fils Baudouin. Avec le recul, on s'aperçoit qu'on est passé très, très près de la rupture. 

Les années qui suivent sont marquées par deux phénomènes majeurs. Il y a d'une part la crise industrielle qui plonge l'économie wallonne dans le marasme. D'autre part, les revendications flamandes deviennent d'autant plus fortes que les divergences sont flagrantes et que la Wallonie est considérée comme un boulet économique. Ces crises culmineront à deux moments. 

Premièrement, à la fin des années 60, les étudiants flamands de l'UCL à Leuven exigent le départ des étudiants francophones aux cris de "Walen Buiten" : "les Wallons dehors". L'université fondée en 1425 est donc scindée ce qui donnera naissance à Louvain-La-Neuve. 

Ensuite, en 1987, le gouvernement tombe sur le problème des Fourons. Ces villages wallons ont été rattachés à la Flandre lors de la première régionalisation. Les Fourons restent encore actuellement un symbole fort pour les deux communautés. 

Dans les années 90, le fédéralisme s'accélère, les Régions et Communautés sont créées. En 1990, le Roi Baudouin refuse de signer la loi dépénalisant l'avortement alors que cette loi avait été approuvée au parlement. Les voix républicaines recommencent à s'élever. Le gouvernement n'évite la chute qu'en déclarant Baudouin en "incapacité de régner" pendant 36h. Le gouvernement prend la régence et signe la loi. Cet incident a réveillé les vieilles tensions entre laïcs et catholiques. 

Actuellement, les Flamands réclament le passage du fédéralisme au " confédéralisme ". Pour eux, l'objectif ultime est la création d'un état indépendant car ils estiment, avec raison d'ailleurs, former une nation ! 




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